Contenus pédagogiques
L’ESS, une histoire qui ne date pas d’hier…
L’économie sociale et solidaire est née au XIXème siècle en pleine industrialisation. Des femmes et des hommes ont alors montré qu’il y avait toujours la possibilité de travailler autrement et de s’organiser ensemble pour vivre mieux. Redécouvrez l’histoire passionnante de l’ESS !
Les premiers sociétés de secours mutuel sont nées au Moyen-Âge avec les guildes, les confréries, les fruitières du Jura, les corporations et compagnonnages, etc. Mais c’est au XIX ème siècle, avec la révolution industrielle, que l’ESS se développe véritablement, notamment avec la création des mutuelles de prévoyance et de santé. Ces sociétés sont alors l’expression d’efforts collectifs d’ouvriers en réponse à l’absence de systèmes de prévoyance collective et à l’augmentation des risques d’accidents du travail et de maladie.
En 1827, à Lyon, les ouvriers tisserands de la soie dans le quartier de la Croix Rousse décident de s’organiser pour s’épauler en cas de maladie ou d’accident. Ils créent des sociétés mutualistes. La Société de défense des intérêts des Canuts est la première mutuelle créée.
En 1835, c’est également à Lyon que va naitre ‘le commerce véridique et social’, la première coopérative de consommation. C’est un magasin géré par les clients qui peuvent ainsi bénéficier des meilleurs prix. Dès lors, les coopératives de consommation se structurent, au point de devenir le plus puissant réseau de distribution alimentaire jusque dans les années 1960 (avant l’apparition des supermarchés).
En 1880, dans l’Aisne, Jean-Baptiste André Godin, imagine une manière totalement nouvelle de travailler. Il créé à Guise une usine de poêles qui appartient aux ouvriers. Ceux-ci élisent leurs dirigeants, vivent ensemble dans un grand immeuble moderne (le familistère) et bénéficient de nombreux services. Les femmes y ont le droit de vote, alors qu’il faudra attendre 1945 en France pour qu’elles puissent participer aux élections !
En Champagne-Ardenne, les histoires industrielles, agricoles et sociales vont marquer la structuration du territoire régional. En 1814, Eugène Janson, fabricant, fonde la société de secours mutuel des bonnetiers de la ville de Troyes. En 1827, la société s’ouvre à tous les ouvriers offrant des soins médicaux, la pharmacie et la sépulture, elle créera aussi un orphelinat. L’hôtel situé rue des Elus à Reims est le symbole de ce mutualisme propre au département de la Marne et des ‘grands patrons’ de Champagne, qui voient dans la Mutualité une fidélisation de leurs ouvriers et une amélioration de leur niveau de vie. En Alsace, la mutualité ne connait pas la même croissance au vu des différentes dispositions sociales héritées de la législation allemande.*
En Haute-Marne, comme dans les Ardennes, deux départements marqués par une forte histoire industrielle (forges en Haute-Marne, métallurgie dans les Ardennes), les coopérations et associations ouvrières se développement sous l’impulsion des syndicalistes comme Jean-Baptiste Clément connu pour sa célèbre chanson ‘Le temps des Cerises’.
En Alsace Lorraine, l’économie sociale, souvent qualifiée de “fille de la misère” se met sous la forme de sociétés de secours mutuel (Mutuelle d’Alsace Lorraine vers 1820), visant à assurer la protection des personnes. Les premières caisses de pain apparaissent en 1832 à Guebwiller.
En 1851, Jean Macé s’installe à Beblenheim et développe un programme d’inspiration fouriériste, avec une caisse de crédit mutuel mais aussi une bibliothèque inspirant la coopération de crédit et l’éducation populaire vers 1870, premier foyer coopératif inspiré par les principes de Rochdale (1ère forme coopérative de forme moderne en 1844).
Après l’annexion en 1870, Raiffesen développe un système de crédit bancaire qui deviendra le Crédit Mutuel avec la première caisse créée en 1882 à Wantzenau, une commune rurale près de Strasbourg. Trois ans plus tard, c’est dans le Jura qu’est créée la Société Agricole de l’arrondissement de Poligny, actuel Crédit Agricole.
Vers 1902, un petit groupe d’employés et d’ouvriers appartenant pour la plupart à une manufacture d’instruments de musique fonde à Château-Thierry, 48 Grande Rue, une Société coopérative de consommation qu’il dénomme “l’Espérance de Château-Thierry”. Aussitôt après 1918 le commerce s’organise sur des bases nouvelles et s’efforce de prendre un grand essor dans le pays. Les sociétés capitalistes, à succursales multiples, installent à un rythme sans cesse croissant des magasins dans toutes les localités. Les sociétés coopératives locales ont fort à faire pour lutter efficacement contre cette concurrence particulièrement puissante.Après différentes fusions, le rayonnement de la Société s’étend en grande partie sur l’ensemble du territoire de l’ancienne province de Champagne. L’Assemblée Générale de 1931 décide de modifier la raison sociale qui devient « Les Coopérateurs de Champagne ».
En Lorraine, c’est en 1933 qu’est créée la coopérative de Blé de Nancy par Charles Lamy et Georges Joffrey, afin de vendre les productions des agriculteurs et acheter leur engrais en commun. En 1969, les coopérative de Nancy, Toul et Nomeny fusionnent. C’est la naissance de la coopérative agricole de Lorraine.
L’instauration des congés payés en 1936 marquent la création et le développement de nombreuses associations visant à organiser les vacances et à aider les personnes, aux moyens limités à pouvoir en profiter. Parmi elles, on peut citer les auberges de jeunesse.
Les innovations issues de l’ESS
“La prolifération des organisations à but non lucratif au sein de la société civile constitue l’innovation sociale la plus importante du XXème siècle, mais aussi l’un des secrets les mieux gardés de l’histoire sociale moderne.” Salamon et Anheier
Ainsi sont nés :
- à l’initiative des mutuelles de santé : la création de la Sécurité Sociale via les sociétés de secours mutuel, la couverture maladie universelle, les indemnités journalières en cas d’accident, la promotion du médicament générique, le tiers payant.
- à l’initiative des associations : l’aide à domicile, l’alternative à l’hospitalisation, la prise en charge des personnes handicapées, les villages de vacances, la formation qualifiante, les associations et entreprises d’insertion par l’économie, le titre emploi service, les centres sociaux.
- à l’initiative des mutuelles d’assurance : le constat amiable, les garages agréés, le tiers payant en assurance automobile.
- à l’initiative des coopératives : le contrôle qualité des produits, l’animation sociale en milieu rural, les prêts bancaires à taux variables, le chèque-déjeuner, le prix du livre…
Les dates importantes dans l’histoire de l’ESS
1830
Première apparition du terme « Économie Sociale » lorsque Charles Dunoyer publie le « Nouveau Traité d’Economie Sociale ».
1850
Loi sur les Sociétés de secours mutuels.
1885
Création de la première fédération française des coopératives de consommation.
1898
Première charte de la Mutualité.
1900
L’Exposition Universelle accueille un pavillon de l’Économie Sociale.
1901
Loi sur la liberté d’association.
1947
Le statut de la coopération est défini en France.
1980
Création de la Charte de l’Économie Sociale en France définissant les principes et les valeurs de cette troisième voie, publiée par le Comité National de Liaison des Activités Mutualistes, Coopératives et Associatives (CNLAMCA).
1981
Création de la Délégation interministérielle à l’Économie Sociale (DIES). Premier décret reconnaissant l’économie sociale.
1993
Structuration des acteurs territoriaux en Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire.
2001
Transformation du CNLAMCA en Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de l’Économie Sociale (CEGES).
2004
Création du Conseil National des Chambres Régionales de l’Économie Sociale (CNCRES).
2006
Création du Conseil supérieur de l’Économie sociale.
2008
Les syndicats employeurs de l’ESS remportent 30% des voix dans le collège Activités diverses.
2014
La loi relative à l’ESS du 31 juillet marque la reconnaissance législative d’un mode d’entreprendre différent.
2015
La loi du 7 août portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République, dite loi Notre, impacte le paysage institutionnel de l’économie sociale et solidaire. Confiant aux régions Confiant aux régions la compétence économique, elle impose à celles-ci d’inscrire un volet ESS dans leur plan de développement économique. Les Régions doivent donc consulter les représentants de l’ESS sur leur territoire pour élaborer le Schéma Régional de Développement Economique d’Internationalisation et d’Innovation (SRDEII).
2020
Les 18 Chambres Régionales de l’Economie Sociale et Solidaire rejoignent ESS France, la Chambre Française de l’ESS.
